La pédagogie noire
selon Alice MILLER
tiré de son ouvrage "C'est pour ton bien"
« Il y a à mes yeux des valeurs dont les possibilités de réalisation détermineront sans doute à long terme nos chances de survie. Ce sont entre autres : le respect des faibles, et par conséquent des enfants, le respect de la vie et de ses lois, sans quoi toute créativité est étouffée »
(Alice Miller)
Selon Alice MILLER, la « pédagogie noire » repose sur les principes suivants :
1. les adultes sont les maîtres de l’enfant encore dépendant,
2. les adultes tranchent entre le bien et le mal comme des dieux,
3. leur colère est le produit de leurs propres conflits, mais ils en rendent l’enfant responsable,
4. les parents ont toujours besoin d’être protégés,
5. les sentiments vifs qu’éprouve l’enfant pour son maître constituent un danger,
6. Il faut le plutôt possible ôter à l’enfant sa volonté,
7. tout cela doit se faire très tôt, de manière à ce que l’enfant ne s’aperçoive de rien et ne puisse pas trahir l’adulte.
Les principaux moyens utilisés pour opprimer le vivant sont les suivants :
· piège,
· mensonge, ruse, dissimulation, manipulation,
· intimidation,
· privation d’amour, isolement,
· méfiance,
· humiliation, mépris, moquerie, honte,
· utilisation de la violence jusqu’à la torture.
L’une des méthodes de la pédagogie noire consiste également à transmettre dès le départ à l’enfant des informations et des opinions fausses. Ces dernières se transmettent depuis des générations et sont reprises à leur compte par les enfants, alors que non seulement leur validité n’est pas prouvée, mais qu’il est prouvé qu’elles sont fausses. Parmi ces opinions erronées :
1. le sentiment du devoir engendre l’amour ;
2. on peut tuer la haine par des interdits ;
3. les parents méritent a priori le respect en tant que parents ;
4. les enfants ne méritent a priori aucun respect ;
5. l’obéissance rend fort ;
6. un sentiment élevé de sa propre valeur est nuisible ;
7. un faible sentiment de sa propre valeur conduit à l’amour de ses semblables ;
8. les marques de tendresse sont nocives ;
9. il ne faut pas céder aux besoins de l’enfant ;
10. la dureté et la froideur sont une bonne préparation à l’existence ;
11. une reconnaissance simulée vaut mieux qu’une sincère absence de reconnaissance ;
12. l’apparence est plus importante que l’être ;
13. ni les parents ni Dieu ne peuvent supporter la moindre injure ;
14. le corps est quelque chose de sale et de dégoûtant ;
15. la vivacité des sentiments est nuisible ;
16. les parents sont des êtres dénués de pulsions et exempts de toute culpabilité ;
17. les parents ont toujours raison.
Ainsi, un commandement intériorisé dans la petite enfance consiste en cette injonction : « tu ne dois pas t’apercevoir de ce que te font tes parents ». Le principe, profondément ancré en nous, selon lequel il faut épargner ses parents, est essentiellement propre à nous voiler des vérités vitales, voire à les déguiser en leur contraire, ce que beaucoup d’entre nous payent par de graves névroses.